Caméras intelligentes dans la lutte contre les batteries en feu dans la décharge

Les incendies de déchets constituent un problème majeur pour les gestionnaires de déchets, les batteries rechargeables de produits tels que les smartphones et les perceuses sans fil étant souvent à l’origine de ces incendies. Une caméra intelligente est la dernière méthode de prévention des incendies de grande ampleur.

De vieux plastiques s’entassent contre le mur arrière d’un hangar de l’entreprise de traitement de déchets Attero à Wijster, dans la province de Drenthe. Cette montagne de plastique est constituée d’emballages de boissons gazeuses, de café et de détergents écrasés qui se retrouvent éparpillés sur le sol. Il arrive que des oiseaux s’emparent de l’un ou de l’autre déchet sur les balles et les disséminent à l’extérieur du site. Des odeurs de terre, de légumes, de fruits et de déchets de jardin s’échappent d’un autre hangar.

Début 2019, un hall de stockage de plastique de 5 000 m² a entièrement été détruit par les flammes. « Le coût d’un incendie de grande ampleur se chiffre en plusieurs millions d’euros », explique Robert Corijn, porte-parole d’Attero. « Par rapport au chiffre d’affaires annuel de plus de 300 millions d’euros pour l’ensemble du groupe Attero, c’est considérable. » C’est pourquoi l’entreprise a aussi consenti des investissements de plusieurs millions dans la prévention.

Batteries

Les incendies de déchets peuvent être causés par des élévations de température d’origines bactériennes ou chimiques qui sont susceptibles de provoquer un incendie. « Si les déchets contiennent des matelas mouillés, par exemple, ils peuvent s’enflammer à cause de cet échauffement », poursuit Robert Corijn. Mais ce sont surtout les batteries lithium-ion jetées parmi les déchets ordinaires qui sont à l’origine de nombreux incendies. Ce sont des batteries rechargeables de téléphones portables et de perceuses sans fil, par exemple. Ce type de batterie est également à l’origine de l’incendie du camion à Poeldijk.
La société britannique de consultance environnementale Eunomia a déclaré, sur la base de ses propres recherches au Royaume-Uni, que 48 % des incendies de déchets sont causés par ces batteries. Olger Kuipers, responsable des déchets organiques chez Attero, porte le regard suivant sur la question : « Je peux énumérer un grand nombre d’objets du quotidien qui fonctionnent avec des batteries de ce type. Ensuite, certaines personnes les jettent dans les déchets résiduels au lieu de les trier et de les déposer à la déchetterie. Elles les jettent dans leur poubelle et ne pensent pas aux conséquences. »

Des élévations de température inhabituelles

Les systèmes de caméras intelligentes constituent la dernière arme contre les incendies. Il y a quatre ans, la société Kooi a mis au point un système qui détecte les températures anormalement élevées à la surface des monticules d’ordures. Olger Kuipers explique que l’entreprise de traitement de déchets utilisait déjà des caméras infrarouges depuis un certain temps. En cas de notification, un collaborateur devait se rendre sur place pour vérifier ce qu'il se passait.

Le système de Kooi rend cette démarche inutile. « Dès qu’il y a une notification, nous pouvons voir ce qui se passe dans le dispatching », explique Richard Venema de Kooi. Ce faisant, le logiciel du système détecte les élévations de température inhabituelles. Et Olger Kuipers de poursuivre : « Avec les anciennes caméras infrarouges, l’échappement d’une pelleteuse pouvait chauffer et provoquer une fausse alarme, un problème qui n’arrive pas avec ce système. » De plus, les caméras mobiles de Kooi couvrent une plus grande superficie.

« Dès que nous recevons une notification, nous savons que nous devons passer le plus grand braquet. » Selon M. Kuipers, « le temps est un facteur décisif dans un incendie. Lorsqu’une combustion s’opère dans des conditions « favorables », par exemple dans du plastique, il peut s’écouler plusieurs minutes avant que tout ne s’embrase. » L’entreprise de traitement de déchets de Wijster dispose de son propre camion de pompiers et de son propre système d’extinction pour intervenir immédiatement.

Ce qu’en disent les assureurs...

« En raison du risque élevé d’incendie, certaines entreprises de traitement de déchets aux Pays-Bas ne peuvent même plus s’assurer », explique Robert Corijn, porte-parole d’Attero. Un système comme celui de Kooi facilite l’évaluation de l’assureur qui tient compte des précautions prises par l’entreprise de traitement de déchets.

Entre-temps, Kooi utilise ses systèmes de caméras en Allemagne, en France, en Belgique et au Royaume-Uni. « Et nous avons noué des contacts avec d’autres pays en Europe », précise Richard Venema. En outre, le système fait constamment l’objet de nouveaux développements. Et Olger Kuipers de conclure : « Sur la base des données recueillies par ce système, nous pouvons en apprendre davantage sur la prévention des incendies. »

Source: fd.nl